Du 4 au 6 avril 2014, la ville de Lyon accueille la 10ème édition du festival international Quais du Polar. Rendez-vous incontournable du genre policier, Quais du Polar redouble d’invention cette année pour honorer les grands auteurs d’hier et de maintenant, et faire connaître les nouveaux talents du polar. François Pirola, Président du festival, nous parle aujourd’hui de cette belle aventure.
Cartridge World : M. Pirola, vous présidez le Festival International Quais du Polar, qui fête ses 10 ans cette année. En quelques mots, pouvez-vous nous raconter comment le festival est né, et s’est imposé jusqu’à devenir ce rendez-vous prisé de la scène littéraire actuelle ?
François Pirola : Bien sûr ! Il y a dix ans, je travaillais auprès de la Ville de Lyon avec l’association créée pour monter ce festival – je suis devenu Président de l’association depuis deux ans seulement. Le choix du genre polar s’est imposé comme une évidence, grâce à l’association de personnalités lyonnaises rassemblées lors de l’apposition d’une plaque commémorative sur la maison d’enfance de Frédéric Dard, à la Croix-Rousse.
A ce moment-là, en France, il n’y avait aucun festival d’envergure dédié au polar – les festivals du Mans ou de Grenoble n’avaient pas été reconduits, et nous avons voulu relever le défi d’une manifestation internationale de référence.
Genre autrefois considéré comme mineur, le polar s’impose maintenant comme une littérature très prisée : un livre sur cinq publié en France est un roman policier !
Le Festival Quais du Polar répond ainsi à une véritable attente du lectorat. Nous ne sommes d’ailleurs pas les seuls sur ce terrain – je pense par exemple au Festival International du Roman Noir de Frontignan, dont nous espérons qu’il survivra très longtemps à son directeur récemment disparu, Michel Gueorguieff.
Aujourd’hui, le festival Quais du polar est conçu en partenariat avec la totalité des institutions culturelles lyonnaises (cinémas, musées…), ce qui permet d’élargir au maximum ses supports, via des expositions par exemple.
C.W. : Pourquoi la ville de Lyon s’avérait-elle un lieu idéal pour un festival du polar ?
F.P : En effet, Lyon se prêtait particulièrement au genre – elle fut le théâtre de l’invention de la médecine légale, par le lyonnais Alexandre Lacassagne ; elle vit grandir ce grand cinéaste passionné du film noir, Bertrand Tavernier, qui s’implique dans le festival à travers rencontres avec le public et projections de films ; elle soutient l’engagement des créateurs de la manifestation, comme son ancien président René Gachet, un ancien de la DRAC, ou encore Albert Agostino, journaliste lyonnais et auteur de romans noirs… Albert Agostino est aujourd’hui décédé, et nous lui rendons notamment hommage à travers le Prix de la Nouvelle qui porte son nom.

Bertrand Tavernier
C.W. : Ce Prix de la Nouvelle est-il ouvert à tous ?
F.P : Oui, c’est important pour nous d’ouvrir un espace de diffusion à des écrivains amateurs, et aux futurs grands de demain !
Le Festival s’adresse à un très large public ; il reste un événement associatif, et nous sommes des militants de l’accès aux livres : via le polar, qui séduit un large lectorat , il s’agit aussi d’amener les gens à la lecture. Nous refusons l’élitisme, et défendons les libraires indépendants. « Ouvert à tous » définit parfaitement l’ambition du festival : chaque lecteur, qu’il connaisse ou non les classiques du genre, trouvera de quoi satisfaire sa curiosité.
C.W. : Pour cette édition anniversaire, le festival offre-t-il des événements spéciaux ?
F.P. : La programmation reflète ce que nous avons entrepris depuis dix ans : des dédicaces, des rencontres, des conférences, des lectures, des master classes… Des films, avec la rétro Back To Black, qui offre une sélection de films choisis par les auteurs. Un panorama des auteurs publié aux Editions du Point et dont nous sommes très fiers, réalisés selon le choix des libraires et un jury de lecteurs, en totale indépendance donc. Nous invitons cette année les 9 précédents lauréats du Prix des Lecteurs Quais-du Polar-20 minutes, pour mettre à l’honneur le polar français.

James Ellroy
Pour cette édition, une innovation : outre le Palais du Commerce, le Festival est accueilli dans la cour intérieure de l’hôtel de Ville, avec une vente de livres d’occasion où le public pourra dénicher à petits prix les pépites du genre. Et tellement d’autres choses !
A ne pas rater, des invités de choix cette année : Bertrand Tavernier en Invité Cinéma, présent sur de nombreux événements tout au long du festival – il succède à d’autres grands du cinéma noir, comme Claude Chabrol et Alain Corneau – et last but not least, James Ellroy ! Ellroy incarne quelque chose de très important dans le paysage mondial du polar, son oeuvre est exceptionnel, et nous rêvions de l’inviter depuis longtemps. C’est chose faite, grâce à son éditeur français, François Guérif.
Pour retrouver toute la programmation du festival, rendez-vous sur son site web !
C.W. : Merci François Pirola pour toutes ces précisions… et pour votre enthousiasme, partagé depuis longtemps par le public de Quais du Polar. Et nous souhaitons au festival un très bel anniversaire !!